Je te demande si tu es une bête féroce ou bien un saint
Mais tu es l’un, et l’autre. Et tellement de choses encore…
Tu es infiniment nombreux
Celui qui méprise, celui qui blesse, celui qui aime, celui qui cherche.
Et tous les autres ensemble
Trompes-toi, sois imprudent, tout n’est pas fragile
N’attends rien que de toi, parce que tu es sacré. Parce que tu es en vie
Parce que le plus important n’est pas ce que tu es, mais ce que tu as choisi d’être.
Elle a pour tradition de me motiver cette musique mais je n’imaginais pas qu’elle puisse être l’un des déclics de cette course par cette phrase :
Parce que le plus important n’est pas ce que tu es, mais ce que tu as choisi d’être.
Je me suis inscrit au MIUT par choix, pour être un nouveau coureur, pour vivre d’autres épopées, au delà de 10h, au delà de 100kil, pour faire les points UTMB pour 2017 ou 2018. C’est ce que j’ai choisi d’être pour les prochains mois.
Mais les rêves et les envies, confrontés au réel prennent d’autres tournures. Ce samedi, j’ai fait un début de course parfait.
Départ minuit de Porto Moniz. çà démarre fort par une rue à plus de 20%, mais tout se passe bien. À l’aise en montée, solide en descente… Tout est facile aujourd’hui mais dans une logique d’aller loin et ne connaissant pas ce qui va se passer au bout de 10h, je reste prudent. Mais dès le levé du jour (7h), comme un état sans fin, reviennent les mêmes soucis. J’ai mal au dos, j’ai dû mal à boire… çà sent le roussi.
Je vomis une première fois au kil 60, peu avant la base de vie. Pas de panique. Je prends le temps de me changer, de manger et je repars pour la longue montée vers Pico Ruivo. Elle est longue, il fait chaud… J’arrive mal au kil 70. Je demande si on peut s’arrêter là, à ce cp 7. Oui me répond l’infirmière qui m’observe d’un coin de l’oeil depuis que je suis rentré dans ce refuge.
Je passe alors dans ce que j’ai toujours connu en ultra. La prise en charge : je m’allonge dans une chambre, on vient découper mon dossard pour signifier l’abandon et entre les soins, mes tremblements et ma sieste mon esprit refait une histoire.
J’arrête l’ultra. C’est pas fait pour moi. J’irai pas à Verbier en juillet. Je ferai les 5 jours de France en course d’orientation sur le Larzac… Je ne ferai que des ultras à vélo et des offs à pied…. Je vais recommencer les cross (non je déconne ;-)).
Mais cette fois ci, je suis dans une impasse. Cette course n’était pas une fin en soi mais le début de quelque chose. Soit j’écris mon histoire là, aujourd’hui, maintenant, avec les bons et les mauvais moments, soit je me rêve ultra traileur devant ma glace toute ma vie. Car comme d’habitude, je le sais, dès le mercredi, passé la déception, j’aurai des raisons d’espérer, de repartir… mais je repartirai encore de zéro !
Parce que le plus important n’est pas ce que tu es, mais ce que tu as choisi d’être
Alors je me suis levé parceque ça allait mieux et que je ne voulais pas rentrer en ambulance. Je croise Guillaume dans le refuge qui avance dans sa course. Je dis à l’infirmière que je repars avec lui jusqu’au CP 8. Après quelques hésitations, elle me l’autorise. J’ai un dossard abandon mais j’avance et je suis heureux. Je démarre alors une nouvelle course. Dans les pas de Guillaume, je prends le temps d’avancer, de vivre dans une partie du peloton qui ne m’est pas familier.
J’arrive au sommet de Pico Do Arreiro. J’ai mis 7h pour faire 15 kilomètres. ;-)). Je retrouve de l’apétit et je poursuis jusqu’au cp 9 puis le 10. Au rythme de Guillaume, je pense avoir fini avec mes soucis. Mais non !!! Les nausées et vomissements reviennent à 25 kil de l’arrivée. C’est alors quite ou double. Je charge mon sac d’une bouteille en plastique avec de l’eau gazeuse. Je vide mes flasques où se croisent les odeurs de soupe, de boisson énergétique et de coca…. Et je cours… comme si je savais que mon autonomie était limitée et qu’il fallait avant de finir comme un zombi faire le maximum de kilomètres. Je laisse Guillaume à sa peine ;-).
J’ai vomis encore 3 fois jusqu’à l’arrivée mais je suis reparti et j’ai franchi cette fichue ligne et pas si mal que çà en 22h54′. Jamais, je n’avais couru autant de temps.
Restait encore un détail à régler : Mon dossard est déchiré et l’on ne veut pas (à juste titre) me donner mon cadeau de finisher. J’explique mon épopée à l’organisation et le fait d’avoir pris trop tôt la décision d’abandonner… Ils vérifient que je suis bien passé par tous les CP, prennent contact avec le CP 7 puis me classent. J’ai donc mes 5 premiers points UTMB et le début d’un commencement d’une aventure ultra. L’histoire peut continuer.
En arrivant, je constate les bonnes perfs de Jérôme, Julien et Edouard qui propulse le Team Fartleck à la seconde place au classement par équipe. Génial. J’apprends aussi que cette course n’a rien à envier à la Réunion. Et par rapport à Verbier ?… 😉
Merci à Guillaume d’avoir été là au bon moment dans ce refuge. Merci à Cécile de m’avoir obligé à courir du kil 105 au kil 112 alors que je n’avais vraiment plus envie. Merci pour les SMS reçus avant, pendant, après.